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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 13:53

 

Parlons un peu boulot, histoire de contrebalancer le ton grincheux de l’entrée précédente (j’ai un peu plus la pêche aujourd’hui). Je recommence à me bagarrer avec des frustrations liées à l’écriture, ce qui doit être bon signe : j’espère que ça m’aidera à m’y remettre. D’un côté, il y a cette impression dont j’ai déjà parlé et dont je ne sais pas dans quelle mesure elle colle à la réalité, celle d’avoir publié un recueil (Notre-Dame-aux-Écailles) un peu passé inaperçu, ou en tout cas largement éclipsé par Serpentine. Or, Serpentine date d’il y a cinq ans, je suis passée à autre chose et je ne peux pas m’empêcher de regretter que Notre-Dame-aux-Écailles n’ait pas suscité le même intérêt. Comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas l’impression qu’il soit moins bon, il contient quelques textes dont je suis vraiment fière et dont je regrette qu’ils n’aient pas été lus par davantage de monde. Je le trouve plus mûr, plus adulte, plus en adéquation avec la personne que je suis aujourd'hui à 32 ans. J’ai été frappée de constater que dans mon entourage, un certain nombre de personnes qui avaient apprécié mes livres précédents et qui disaient attendre celui-là impatiemment ne l’ont pas lu lorsqu’il est effectivement paru. Ils n’ont sans doute pas eu le temps (je sais ce que c'est), mais la tendance est assez générale pour que ça m’ait frappée. Comme s’il y avait un désir de lecture que Notre-Dame-aux-Écailles n’arrive pas à susciter, alors que Serpentine continue à le faire cinq ans après sa sortie. Je sais que je devrais me réjouir de ce qui arrive autour de Serpentine, mais je retire de tout ça un sentiment d’échec dont je n’arrive pas à me défaire. C’est peut-être simplement que l’effet de surprise est passé, comme on me l’a déjà fait remarquer. Et puis la fois précédente où j’avais publié un livre, j’en avais sorti trois coup sur coup – forcément, ça attire nettement plus l’attention. On ne peut pas avoir la même chance à chaque fois.

 

Ajoutez à ça ma frustration d’écrire aussi peu. Le fait que mon texte préféré parmi ceux que j’ai écrits l’an dernier, « Le jardin des silences », soit paru dans un support hyper confidentiel n’aide pas vraiment : il faudra attendre un prochain recueil pour qu’il soit lu. Du coup, je ne peux pas m’empêcher d’éprouver une bouffée d’envie face à la productivité de certains de mes camarades. Je ne sais vraiment pas où ils trouvent l’énergie d’écrire autant. Je suis toujours étonnée quand les gens me demandent « Tu travailles sur quoi en ce moment ? » comme s’il était absolument évident que j’aie toujours un projet en cours. Je me demande chaque fois comment on peut s’attendre à ce que quelqu’un ait constamment des idées et des projets dans la tête – mais visiblement, pas mal de collègues y arrivent, c'est juste moi qui fais tache. Je n’ai pas écrit une ligne, ou plus précisément par réussi à mener une idée à terme, depuis l’été dernier. Depuis « Dragon caché » qui paraîtra prochainement dans une anthologie que j'ai hâte de voir sortir. Ce n’est pas l’envie qui me manque, c’est juste l’énergie. Quand les idées ne viennent pas, je ne peux pas les forcer. Il y a des chances que ça revienne au printemps comme tous les ans ou presque, d’autant qu’on m’a commandé une nouvelle à laquelle je suis en train de réfléchir. Mais le thème m’intimide et je me demande comment éviter une redite par rapport à deux nouvelles précédentes qui l’abordaient déjà.

 

En attendant, après une accalmie de quelques mois, je recommence tranquillement les salons. Je participe à un premier salon à Bagnols-sur-Cèze, près d’Avignon, le week-end du 28 février au 1er mars, et puis il y aura Trolls & Légendes à Mons, en Belgique, le 11 et 12 avril – je garde un excellent souvenir de l’édition précédente. Plus d’autres événements que je confirmerai plus tard. Je compte également passer en touriste aux Imaginales d’Épinal, mais sur une durée sans doute plus réduite que d’habitude (la faute à John Parish et PJ Harvey, voire entrées précédentes).

 

Pour parler un peu traduction, Bragelonne vient de mettre en ligne un extrait d’un roman à paraître en février et que j’ai traduit : Mémoires d’un maître faussaire de William Heaney. Très chouette bouquin que je vous recommande, où l’argument fantastique est extrêmement ténu et relève quasiment plus de la métaphore, mais l’intérêt n’est pas là, plutôt dans la façon dont les différents intrigues se croisent autour du personnage principal. Vous pouvez en lire le début ici. Je recopie ci-dessous la bio et la présentation de l’éditeur :

 

William Heaney est un imposteur. Charmant, certes, mais un imposteur quand même. Aux prises avec ses démons et ceux des autres, il passe un peu trop son temps à vider la cave des meilleurs pubs de Londres. À l’occasion il prétendra même qu’il est le nom de plume d’un grand écrivain anglais. Méfiez-vous.

 

Le livre : William est un faussaire spécialisé dans les livres. Il est doué pour l’écriture mais préfère griffonner incognito des poèmes pour un ami plus séduisant que lui et fabriquer des exemplaires factices de premières éditions de Jane Austen qu’il vend ensuite à des collectionneurs crédules. Il n’est pas si mauvais, au fond. Il reverse l’argent récolté à un foyer pour SDF et ses crimes ne font de mal à personne. Mais si William n’a rien fait d’autre de sa vie, ce n’est pas sans raison. Il a commis quelque chose qui lui fait honte quand il était étudiant, boit beaucoup trop et ne peut s’engager dans une relation amoureuse. Ah oui, et il voit des démons. Des silhouettes éthérées qui rôdent derrière le dos de ceux qui l’entourent, guettant un instant de faiblesse (elles n’épargnent que la gérante du foyer, qu’elles n’osent pas approcher). À moins que William ne voie simplement la souffrance du monde ? Puis une femme extraordinaire, peut-être capable de l’en sauver, entre dans sa vie. William raconte ici sa propre histoire. Mais qui croira un maître faussaire ?

 

 

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commentaires

C
Simple lecteur, je vous avais découvert avec "Serpentine" et me suis jeté sur "Notre-Dame aux écailles" avec, je ne vais pas vous le caché, une petite crainte au ventre. Avec un titre pareil, je craignais beaucoup de tomber sur des nouvelles "similaires" au premier recueil (une sorte de bis mais en moins bon).<br /> <br /> Et à la lecture, dans les jours qui ont suivi mon achat, j'ai été enchanté. Le recueil est excellent et il a un ton suffisamment différent du premier pour ne pas m'avoir donné la sensation d'un redit.<br /> <br /> Je l'ai écrit dans mon blog, au niveau du fantastique français vous faites parties de mon top 2 avec Michel Pagel.<br /> <br /> Cédric un lecteur ravis !
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T
De mon côté, j'ai beaucoup apprécié "Notre-Dame aux écailles" (d'ailleurs j'en avais dit tout le bien que je pensais sur le Coin des lecteurs), et quelques mois après je m'aperçois que, comme certaines nouvelles de "Serpentine", certains textes me reviennent spontanément en tête (je pense en particulier à la nouvelle du dieu-fleuve, qui m'avait beaucoup marqué, et à quelques autres) : j'en conclus qu'ils n'ont pas eu plus de mal à se loger fermement dans ma mémoire que ceux du premier recueil ;-)<br /> <br /> Pour ce qui est de la différence d'accueil par rapport à "Serpentine", cela peut tenir à pas grand-chose : la couverture, le titre... peut-être que "Notre-Dame aux écailles" est un titre un peu moins frappant que "Serpentine" (mais l'avis contraire de L.Dix-Six montre que c'est un jugement des plus subjectifs). N'oublie pas non plus que "Serpentine" a déjà une histoire assez longue derrière lui : une première parution, la disparition de l'éditeur qui l'a rendu difficile à trouver mais d'autant plus précieux pour les fans, et une seconde parution. "Notre-Dame aux écailles", de son côté, ne fait que commencer sa carrière...<br /> <br /> Merci en tout cas pour ton développement sur la productivité des auteurs : en tant qu'auteur débutant, cela m'impressionne toujours beaucoup de voir tout le monde aligner autant de nouvelles et même de romans chaque année ! à se demander comment ils parviennent à mener tout cela de front avec leur vie "autre". Je me retrouve aussi complètement dans ce que tu dis à propos des publications sur des supports à diffusion confidentielle, cela peut être assez frustrant. Mais cela me fait penser aux adeptes de l'art magique de la Geste, dans le jeu de rôle Agone : leur magie passant par l'écriture, les effets en sont beaucoup plus lents que ceux des autres arts (lesquels sont plus proches d'une magie "jeu vidéo" à effet immédiat) ; du coup, ils ont un statut plus effacé que les autres Inspirés... mais leur magie est beaucoup plus puissante sur le long terme. Il n'y a plus qu'à espérer que ça se passe pareil pour les vrais auteurs !
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A
Par ailleurs, certains ont guetté la sortie de Notre Dame aux Écailles, l'ont acheté le jour même et l'ont dévoré dans la foulée... Après, ils ne te l'ont peut-être pas dit ! ;-p
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L
Ca compte peut-être pour que dalle, mais sache que j'ai découvert ton travail justement avec Notre-Dame aux Ecailles (j'ai pris Serpentine dans la foulée, mais bon, j'aimais moins le titre) et que j'ai trouvé ça vraiment très bon, à tel point qu'il n'est pas rare que je le conseille : 'ouais, trop bien, genre, elle roxe grave la Fazi, voilà quoi, tu vois, ça c'est du fantastique que c'est bon de le lire'.<br /> Après ouais, c'est pas certain que ça se sente sur les ventes (j'ai pas tant d'amis que ça, et en plus ils ne suivent pas forcément mes conseils) mais le fait est que si tu as perdu des gens en route, tu en as gagné d'autres. Qui, eux, te suivront.
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C
Et après lecture des différents commentaires ... je suis assez d'accord avec Lucie et Fabrice, et qsur le fait que les gens veulent "commencer par le commencement", et sur les aléas des parutions... c'est rageant mais c'est comme ça (et quelque part je te comprends ça m'est arrivé dans une moindre mesure).<br /> Donc, doute si tu veux, mais transforme ce doute en créativité. <br /> Et hauts les coeurs <br /> Charlotte qui a commencé par Notre dame...
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