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25 juillet 2010 7 25 /07 /juillet /2010 20:13

 

J’ai toujours été fascinée par les biographies de musiciens, et plus encore par leurs autobiographies. Il y a toujours quelque chose d’émouvant à retrouver une voix familière et à la laisser nous raconter son histoire à sa façon, sans la neutralité et l’exhaustivité des biographes officiels. Ce qui fait la force de Just Kids de Patti Smith, c’est aussi l’angle adopté. Il ne s’agit pas tant d’un récit de sa vie que d’un portrait, celui du photographe Robert Mapplethorpe et du lien particulier qui les a unis pendant vingt ans.

 

Ce qui frappe ici, c’est le refus de livrer une autobiographie classique. Les souvenirs d’enfance ne sont livrés qu’en prologue, peut-être essentiellement pour poser le contexte qui la conduit à tout quitter pour s’installer à New York à la fin de l’adolescence. L’ascension au succès n’est évoquée que par ellipses, avec une humilité surprenante : quelques pages sont consacrées à l’enregistrement du mythique Horses, et le succès de Because the night n’est mentionné qu’en passant. Si elle s’attarde, dans la dernière partie, sur la genèse de Dream of life, c’est surtout pour évoquer les retrouvailles avec un Robert Mapplethorpe en train de mourir du Sida, alors qu’elle-même est enceinte de sa fille Jesse.

 

Ce que raconte Patti Smith dans ce livre, c’est l’histoire d’un couple et d’une amitié qui se prolonge bien au-delà de la rupture, celle de deux jeunes gens qu’on voit évoluer en tant que personnes et artistes, et qui croient en l’art comme en une religion. Il y a une forme d’arrogance dans cette manière de s’autoproclamer artistes comme on décide d’un mode de vie, de faire passer l’intention avant le geste accompli – on n’est pas artiste parce qu’on crée, mais parce qu’on le décide et parce qu’on l’affiche. Mais il y a en même temps une incroyable naïveté dans la démarche qui les rend attachants. Ça n’a rien d’étonnant quand on connaît un peu l’œuvre et le personnage de Patti Smith. Mais voir une femme devenue une icône du rock évoquer sa fascination quasi enfantine pour Rimbaud ou les acteurs français, ou raconter son pèlerinage sur la tombe de Jim Morrison peu après sa mort, a quelque chose de touchant. (Cette fascination pour Rimbaud aura au moins donné Easter, une de ses plus belles chansons, qui a la force et la pureté d’un chant religieux.) J’ignorais d’ailleurs qu’elle était arrivée dans le rock un peu par accident, en cherchant simplement à donner vie à ses poèmes lors de lectures qui ont pris des allures de concert.

 

 

En même temps que l’histoire de ces deux jeunes gens qui cherchent leur place à New York et dans le monde de l’art, Just Kids brosse le portrait d’une époque. On croise Jimi Hendrix ou Janis Joplin peu avant leur mort, on assiste à la désillusion de la fin des années 60, à l’arrivée des années 70 qui seront, selon Robert et Patti, « leur décennie à eux » comme la promesse d’un âge nouveau. On passe des hôtels les plus sordides de la ville au bouillonnement créatif du Chelsea Hotel dont Patti Smith décrit la faune bigarrée. C’est l’époque d’Andy Warhol et de la Factory, dont les protagonistes traversent le livre en arrière-plan. On voit Robert Mapplethorpe lutter contre ses démons, découvrir puis assumer son homosexualité alors qu’ils sont encore en couple, en faire un élément central de son art puis de ses photos. On devine en filigrane, dans la toute dernière partie, le spectre du Sida qui finira par l’emporter. Et tout au long du livre, on est frappé par ce lien qui les unit envers et contre tout – « Personne ne voit le monde comme nous », répète Robert à Patti aux débuts de leur couple.

 

L’histoire est touchante, la voix qui la raconte est belle et posée, comme toujours, avec ce mélange déroutant de sagesse et de naïveté qu’on connaît si bien par sa musique. L’iconographie est rare et bien choisie, ponctuant le récit d’instantanés d’une époque révolue. Et ce que Patti Smith laisse transparaître d’elle-même entre les lignes est beau et touchant, rappelant qu’elle est de ces artistes qui ont le don de vous réconcilier avec la vie, avec le monde, parfois avec vous-même. Just Kids est un livre précieux qu’on quitte avec regret.

 

   

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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 18:50

 

 

Il semblerait que le moment soit venu d’officialiser deux projets auxquels je faisais allusion ici récemment. Le projet d’écriture collectif, pour commencer – apparemment officiel puisque Claire Couturier de Mnémos en parle dans cette interview. Il s’agit du deuxième livre de la collection Ourobores de Mnémos, consacré aux lieux imaginaires. Le premier était un guide illustré de la ville d’Abyme créée par Mathieu Gaborit ; l’ouvrage auquel je participe est cette fois consacré à Kadath, la cité onirique de Lovecraft. Le livre met en scène quatre personnages – « incarnés » par Raphaël Granier de Cassagnac, David Camus, Laurent Poujois et moi-même – et sera illustré par Nicolas Fructus. Sortie prévue en fin d’année. C’est ma première vraie expérience d’écriture à plusieurs, forcément différente de tout ce que j'ai fait jusqu'à présent, et elle est aussi instructive que motivante.

 

L’autre projet, que je prépare depuis un peu plus longtemps, est une traduction qui me tient particulièrement à cœur. L’association Dystopia (qui vient d’éditer son premier livre, Bara Yogoï de Léo Henry et Jacques Mucchielli) m’a proposé de composer un recueil d’un auteur anglophone de mon choix dont je traduirais et présenterais les textes. J’ai suggéré Lisa Tuttle, un de mes auteurs préférés, qui n’avait pas été publiée en France depuis un bon moment et avec qui j’étais en contact depuis quelques années. Le recueil se composera de six nouvelles inédites. Moi qui n’avais jamais joué les anthologistes, j’ai adoré m’occuper de la sélection des textes. Ceux qui ont été retenus se sont imposés comme une évidence. À présent, la traduction est en cours. La photo ci-dessus a été prise aujourd’hui même, lors d’un passage parisien de Lisa et de sa famille, qui a été l’occasion de lui présenter Dystopia et de parler un peu plus en détail du projet. J’ai vraiment hâte que ce recueil voie le jour.

 

 

 

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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 01:22
Je devais au départ rédiger une note de blog plus longue, où je vous aurais entre autres causé de la reprise du boulot et de mes lectures récentes (notamment Le Haut-Lieu et autres espaces inhabitables de Serge Lehman que je trouve assez ébouriffant) mais le temps m'a manqué. Entre deux préparatifs pour les Utopiales de Nantes où je serai à partir de jeudi après-midi, je vous recopie donc telle quelle la présentation de l'antho 69 d'ActuSF/Les Trois Souhaits où je publie une nouvelle, "Miroir de porcelaine" (titre suggéré par l'anthologiste Charlotte Volper alors que je galérais pour en trouver un) et qui devrait être disponible en avant-première aux Utopiales :





L'anthologie 69 (sous-titrée SFQ) sort officiellement le 2 novembre. Mais nous proposons à ceux qui la pré-commande une dédicace d'une bonne partie des auteurs présents au sommaire.

L'antho est en prévente à cette adresse : http://www.editions-actusf.com/?article142
La préface est en ligne ici : http://www.actusf.com/spip/IMG/pdf/PrefaceAntho69.pdf

Daylon, l'un des co-auteurs a mis à disposition sa nouvelle gratuitement sur le Net, sur son blog collectif le Moonmotel : http://www.moonmotel.fr/antho69/

La 4e de couv' : 

Des êtres synthétiques soumis à nos désirs, de l'orgasme en capsule, la radiographie du plaisir. Nos futurs nous réservent des fantasmes inédits et mystérieux...

Douze auteurs soulèvent le lourd rideau des tabous pour emprunter la voie des sens et mieux affoler les nôtres.


Sur ce, à très bientôt au bar des Utopiales pour ceux qui y seront !
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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 15:33


 


(Ci-dessus : l’auteur de ce blog en compagnie de son esprit familier. Savannah a maintenant cinq mois et si elle n’avait une fâcheuse tendance à me réveiller la nuit, ce serait la chatonne la plus parfaite du monde. Par contre, qu'est-ce qu'elle est difficile à faire poser...)

 

Ce blog ayant hiberné le gros de l’été (ce qui est quand même un comble), je passe en coup de vent le temps de relayer une info de publication et de signaler que je suis toujours en vie, comme certains se posaient apparemment des questions. La cause principale de mon silence de ces derniers temps : un gros coup de speed niveau boulot doublé d’un gros coup de fatigue qui ne va pas en s’arrangeant. En d’autres termes, mes batteries commencent à être à plat et j’attends impatiemment mes vacances d’octobre, les premières depuis une éternité, pour les recharger. En l’état, n’ayant pas énormément d’énergie à consacrer à la lecture, à la photo ou aux autres sujets dont je parle habituellement ici, je n’ai pas de nouveaux enthousiasmes à partager en ces lieux. J’espère poster un peu plus après mes vacances.

 

En attendant, je consacre mon énergie à ma traduction en cours, le premier volume de la série Mistborn de Brandon Sanderson (je peux maintenant en parler, cette parution ayant été annoncée ici). Un livre qui relève d’une fantasy plutôt classique dans ses thèmes et son écriture, mais dont la construction d’intrigue m’a impressionnée. J’y ai retrouvé le même plaisir grisant qu’à la lecture de certains Harry Potter où l’on regarde JK Rowling assembler les pièces du puzzle sans rien laisser au hasard – la dernière partie du premier volet de Mistborn réserve plusieurs moments d’euphorie de cette nature-là. Le bouquin étant par ailleurs le plus volumineux que j’aie jamais traduit, c’est d’autant plus appréciable.

 

Et l’info dont je parlais, donc, recopiée depuis le site d’ActuSF annonçant les prochaines parutions de leur maison d'édition Les Trois Souhaits :

 

D'abord une anthologie courant octobre nommée "69". Nous avons demandé à une dizaine d'auteurs, hommes et femmes, de mêler Sexe et Imaginaire. Un mélange de fluides qui est peu courant en science fiction comme en fantasy. Le résultat est à la hauteur de nos attentes : éclectique, souvent fun, parfois déroutant... Au sommaire Stéphane Beauverger, Francis Berthelot, Maïa Mazaurette, Daylon, Mélanie Fazi, Sylvie Lainé, Jean-Marc Ligny... La (double) couverture est de Diego Tripodi, le surdoué argentin qui a déjà réalisé la couverture de This Is Not America de Thomas Day que nous avons publié en mars dernier.

 

J’ai très peu écrit récemment, la faute à un emploi du temps chargé, entre boulot et déménagement, et surtout au gros coup de fatigue susmentionné. Je crois n’avoir écrit qu’une seule nouvelle depuis un an, depuis « Dragon caché » qui remonte à l’été 2008. Ce texte-là n’a pas été facile à accoucher – ne serait-ce que parce que je ne voulais pas répéter ce que j’avais déjà fait avec « Langage de la peau » et « La danse au bord du fleuve », mes deux autres textes à tonalité érotique – mais je suis plutôt contente du résultat. Et très curieuse de voir comment il sera accueilli.

 

 

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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 15:09

 

Une impression me frappe alors que je cherche à mettre des mots sur ce qui fait l’impact des Hauts de Hurlevent (terminé ce matin au petit déjeuner) : une sorte d’ambiance « fin de race », une impression de déliquescence, je ne sais pas comment le dire autrement. Il s’agit d’un roman où les humains, livrés à eux-mêmes au cœur d’une nature hostile et quasiment privés d’interactions avec leurs contemporains, n’ont que deux choix possibles. Redevenir des animaux, comme les Earnshaw après la mort des parents, et plus encore lorsque Heathcliff récupère Wuthering Heights ; ou des aristocrates ineptes et mollassons comme les Linton, qui vont d’ailleurs produire en bout de course la pire caricature d’eux-mêmes en la personne d’un mollusque anémique justement prénommé Linton, ce gamin geignard et souffreteux qui a le bon goût de mourir jeune en épargnant au lecteur d’inutiles souffrances. Le monde et le reste de l’humanité existent à peine : on ne saura jamais d’où est venu Heathcliff, ni d’où venait l’argent qu’il a amassé lors de sa disparition. Le jeu de miroir entre les deux familles et les deux maisons, à travers les alliances et les déplacements des personnages, est assez fascinant. Jusque dans les noms, me semble-t-il : Heathcliff, qui ne possède aucun patronyme, est une famille à lui tout seul ; Linton porte comme prénom le nom de jeune fille de sa mère ; et le roman compte deux Catherine, mère et fille, une Earnshaw et une Linton.

 

C’est cette impression de sauvagerie et d’enfermement qui place le roman à part. Dans cet environnement, il suffit de peu pour transformer un gentil petit garçon à l’esprit vif en bête sauvage fière de sa propre bestialité – il suffit de le retirer à la garde de la gouvernante Nelly Dean pour le laisser grandir entre son père (pas très longtemps), le serviteur Joseph (dont les dialogues à peine intelligibles renforcent l’impression d’animalité ambiante), et Heathcliff qui s’amuse à le regarder s’avilir. Il suffit aussi que deux adolescents du même âge se rencontrent pour qu’ils tombent amoureux, simplement parce qu’ils n’ont jamais rencontré personne d’autre de leur génération. Dans ce contexte, personne ne semble se formaliser que Cathy (deuxième du nom) tombe amoureuse deux fois de ses propres cousins, et personne ne semble gêné par l’idée qu’elle puisse les épouser (remarquez, avec Linton, au moins, le mariage ne risquait pas d’être consommé).

 

Autre élément qui m’a frappée, l’omniprésence de la mort et de la maladie. C’est un roman où les personnages tombent comme des mouches à tout bout de champ. Question d’époque, mais je trouve que ça prend une tout autre dimension quand on le met en parallèle avec l’histoire de la famille Brontë, ou en tout cas ce que j’en connais – de la même manière que le début de Jane Eyre rappelle l’école où les deux sœurs aînées de la famille sont mortes très jeunes à cause de conditions d’hygiène déplorables. Ça fait partie des petits détails qui ravivent ma fascination pour l’histoire de cette famille, et pour Emily en particulier. J’ai lu adolescente un roman de chacune des trois sœurs et la mise en parallèle des trois était assez frappante. The Tenant of Wildfell Hall (écrit par Anne) m’a fait l’effet d’un petit bouquin très plat et très ennuyeux, une sorte d'archétype de roman anglais de cette époque. Jane Eyre (de Charlotte, donc) était déjà bien plus barré, même si ça restait un roman beaucoup plus policé que celui d’Emily – on y retrouvait quand même quelques éléments de cette sauvagerie. Mais rien qui égale cette noirceur, cette impression de déliquescence et de bestialité, qui hantent les pages des Hauts de Hurlevent.

 

Je vous rassure, je ne vais pas continuer longtemps à tourner en boucle autour de ce roman. Mais ça fait un bien fou de retrouver intacte l’obsession éprouvée pour un livre qu’on avait adoré à l’adolescence. Il y a des romans tellement uniques, tellement denses, tellement « autres » qu’ils ne vieillissent jamais. Je crois que celui-là ne prendra jamais une ride.

 

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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 23:35

Message lancé dans une bouteille virtuelle. Je vous écris depuis la permanence traduction ActuSF – bon, en fait depuis mon bureau, mais ça fait moins classe dit comme ça. L’interview en ligne de Robin Hobb dure depuis hier matin et je trouve l’exercice encore plus amusant que je n’aurais cru. Nonobstant les poignées de cheveux que je me suis arraché sur certaines formulations. J’essaie de simplifier les phrases avant de traduire pour être bien sûre de garder le sens (de le comprendre, déjà) et de le restituer clairement. Les questions sont postées en journée, les réponses en soirée, décalage horaire oblige. C’est assez rigolo d’être le petit rouage invisible de l’interview qui centralise questions et réponses en coulisses. S’il y a des lecteurs de Robin Hobb qui passent dans le coin, n’hésitez surtout pas à poser des questions, le forum est ouvert à tous.

 

En parlant de traduction, j’ai hâte d’avoir rendu celle de Gig de James Lovegrove, ce qui ne saurait tarder. Je sature toujours en fin de trad, et ce livre-là m’a fait un effet assez curieux. C’est un exercice de style vraiment intéressant – un roman qui joue sur les palindromes et qui est lui-même construit comme tel : sans révéler l’intrigue, il se compose de deux récits qui se répondent en écho. Mais il m’a mise très mal à l’aise, pour des raisons qui ne tiennent pas entièrement au roman lui-même. Il brasse pas mal de questions sur lesquelles j’avais déjà beaucoup cogité ces derniers temps – sur l’acte de création (il se situe dans le milieu du rock), les fans et leurs obsessions, l’amitié et la façon dont elle peut parfois mal tourner, la difficulté d’établir des relations humaines (question qui me travaille particulièrement en ce moment)… Sans compter que l’un des personnages traverse une période de grosse remise en question qui rappelle de manière troublante celle dont j’ai parlé ici récemment. Le roman touche à des sujets sensibles, mais leur apporte une réponse plutôt négative. Le personnage que je trouve le plus antipathique est aussi celui que je comprends le mieux. Celui dans lequel je me reconnais le plus dit des choses très justes mais agit d’une manière que je trouve difficilement pardonnable. Je vais peut-être arrêter là avant de tout vous raconter. Mais c’est troublant. J’ai trouvé ce livre très intéressant à traduire, mais en schématisant un peu, je dirais aussi que j’ai détesté m’y reconnaître. Et pas sous mon meilleur jour. En revanche, j'ai trouvé amusant de regarder quelqu'un d'autre se livrer à un exercice auquel je m'étais essayé dans ma nouvelle "Matilda" : créer un groupe imaginaire, lui attribuer un répertoire, le mettre en scène en concert. C'est un jeu qui m'a toujours beaucoup intéressée, la création d'une oeuvre imaginaire à l'intérieur d'un livre (voir par exemple Tonino Benacquista qui donnait terriblement envie de voir pour de bon la série télé qu'il décrit dans Saga).

 

Juste après, il y a un nouveau Kelley Armstrong qui me fait de l’œil depuis ma table basse. Ce sera une traduction plus légère à tous points de vue, sinon la taille. J’ai à peine feuilleté le début et j’ai déjà hâte de connaître la suite. Cette fois c’est sûr : c’est l’auteur que je prends le plus de plaisir à traduire, juste après Graham Joyce (dans un genre extrêmement différent).

 

Pendant ce temps, la saga immobilière poursuit lentement son cours, je signe officiellement le 15 avril et je viens seulement de comprendre à quel point la perspective des changements qui suivront m'angoisse. L'idée de tourner une page pour de bon sans trop savoir ce qui se passera ensuite. Jusque ici, je trouvais ça très chouette. Depuis quelque temps, moins. On verra le moment venu. Mais de toute façon, c'est en marche.

Avant de retourner à ma permanence, je programme sur le juke-box la chanson du jour, simplement parce que James Lovegrove fait référence aux Beatles dans Gig et que c’est ma chanson préférée du groupe.


 

 

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 13:53

 

Parlons un peu boulot, histoire de contrebalancer le ton grincheux de l’entrée précédente (j’ai un peu plus la pêche aujourd’hui). Je recommence à me bagarrer avec des frustrations liées à l’écriture, ce qui doit être bon signe : j’espère que ça m’aidera à m’y remettre. D’un côté, il y a cette impression dont j’ai déjà parlé et dont je ne sais pas dans quelle mesure elle colle à la réalité, celle d’avoir publié un recueil (Notre-Dame-aux-Écailles) un peu passé inaperçu, ou en tout cas largement éclipsé par Serpentine. Or, Serpentine date d’il y a cinq ans, je suis passée à autre chose et je ne peux pas m’empêcher de regretter que Notre-Dame-aux-Écailles n’ait pas suscité le même intérêt. Comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas l’impression qu’il soit moins bon, il contient quelques textes dont je suis vraiment fière et dont je regrette qu’ils n’aient pas été lus par davantage de monde. Je le trouve plus mûr, plus adulte, plus en adéquation avec la personne que je suis aujourd'hui à 32 ans. J’ai été frappée de constater que dans mon entourage, un certain nombre de personnes qui avaient apprécié mes livres précédents et qui disaient attendre celui-là impatiemment ne l’ont pas lu lorsqu’il est effectivement paru. Ils n’ont sans doute pas eu le temps (je sais ce que c'est), mais la tendance est assez générale pour que ça m’ait frappée. Comme s’il y avait un désir de lecture que Notre-Dame-aux-Écailles n’arrive pas à susciter, alors que Serpentine continue à le faire cinq ans après sa sortie. Je sais que je devrais me réjouir de ce qui arrive autour de Serpentine, mais je retire de tout ça un sentiment d’échec dont je n’arrive pas à me défaire. C’est peut-être simplement que l’effet de surprise est passé, comme on me l’a déjà fait remarquer. Et puis la fois précédente où j’avais publié un livre, j’en avais sorti trois coup sur coup – forcément, ça attire nettement plus l’attention. On ne peut pas avoir la même chance à chaque fois.

 

Ajoutez à ça ma frustration d’écrire aussi peu. Le fait que mon texte préféré parmi ceux que j’ai écrits l’an dernier, « Le jardin des silences », soit paru dans un support hyper confidentiel n’aide pas vraiment : il faudra attendre un prochain recueil pour qu’il soit lu. Du coup, je ne peux pas m’empêcher d’éprouver une bouffée d’envie face à la productivité de certains de mes camarades. Je ne sais vraiment pas où ils trouvent l’énergie d’écrire autant. Je suis toujours étonnée quand les gens me demandent « Tu travailles sur quoi en ce moment ? » comme s’il était absolument évident que j’aie toujours un projet en cours. Je me demande chaque fois comment on peut s’attendre à ce que quelqu’un ait constamment des idées et des projets dans la tête – mais visiblement, pas mal de collègues y arrivent, c'est juste moi qui fais tache. Je n’ai pas écrit une ligne, ou plus précisément par réussi à mener une idée à terme, depuis l’été dernier. Depuis « Dragon caché » qui paraîtra prochainement dans une anthologie que j'ai hâte de voir sortir. Ce n’est pas l’envie qui me manque, c’est juste l’énergie. Quand les idées ne viennent pas, je ne peux pas les forcer. Il y a des chances que ça revienne au printemps comme tous les ans ou presque, d’autant qu’on m’a commandé une nouvelle à laquelle je suis en train de réfléchir. Mais le thème m’intimide et je me demande comment éviter une redite par rapport à deux nouvelles précédentes qui l’abordaient déjà.

 

En attendant, après une accalmie de quelques mois, je recommence tranquillement les salons. Je participe à un premier salon à Bagnols-sur-Cèze, près d’Avignon, le week-end du 28 février au 1er mars, et puis il y aura Trolls & Légendes à Mons, en Belgique, le 11 et 12 avril – je garde un excellent souvenir de l’édition précédente. Plus d’autres événements que je confirmerai plus tard. Je compte également passer en touriste aux Imaginales d’Épinal, mais sur une durée sans doute plus réduite que d’habitude (la faute à John Parish et PJ Harvey, voire entrées précédentes).

 

Pour parler un peu traduction, Bragelonne vient de mettre en ligne un extrait d’un roman à paraître en février et que j’ai traduit : Mémoires d’un maître faussaire de William Heaney. Très chouette bouquin que je vous recommande, où l’argument fantastique est extrêmement ténu et relève quasiment plus de la métaphore, mais l’intérêt n’est pas là, plutôt dans la façon dont les différents intrigues se croisent autour du personnage principal. Vous pouvez en lire le début ici. Je recopie ci-dessous la bio et la présentation de l’éditeur :

 

William Heaney est un imposteur. Charmant, certes, mais un imposteur quand même. Aux prises avec ses démons et ceux des autres, il passe un peu trop son temps à vider la cave des meilleurs pubs de Londres. À l’occasion il prétendra même qu’il est le nom de plume d’un grand écrivain anglais. Méfiez-vous.

 

Le livre : William est un faussaire spécialisé dans les livres. Il est doué pour l’écriture mais préfère griffonner incognito des poèmes pour un ami plus séduisant que lui et fabriquer des exemplaires factices de premières éditions de Jane Austen qu’il vend ensuite à des collectionneurs crédules. Il n’est pas si mauvais, au fond. Il reverse l’argent récolté à un foyer pour SDF et ses crimes ne font de mal à personne. Mais si William n’a rien fait d’autre de sa vie, ce n’est pas sans raison. Il a commis quelque chose qui lui fait honte quand il était étudiant, boit beaucoup trop et ne peut s’engager dans une relation amoureuse. Ah oui, et il voit des démons. Des silhouettes éthérées qui rôdent derrière le dos de ceux qui l’entourent, guettant un instant de faiblesse (elles n’épargnent que la gérante du foyer, qu’elles n’osent pas approcher). À moins que William ne voie simplement la souffrance du monde ? Puis une femme extraordinaire, peut-être capable de l’en sauver, entre dans sa vie. William raconte ici sa propre histoire. Mais qui croira un maître faussaire ?

 

 

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 12:39

Je m'y prends avec un temps de retard (le texte ayant pas mal circulé, beaucoup d'entre vous l'auront déjà lu) mais je recopie ci-dessous un communiqué du traducteur Jean-Daniel Brèque, un collègue que j'estime beaucoup et qui est, soit dit en passant, l'un des meilleurs traducteurs du domaine SF/fantasy/fantastique : 


"Traducteur de plusieurs ouvrages de Dan Simmons - de L'ECHIQUIER DU MAL (Denoël, 1992) à TERREUR Robert Laffont, 2008) -, je tenais depuis 2004 une rubrique régulière sur son site web.
Ces derniers temps, j'ai été troublé, révolté et même écouré par les propos des intervenants du forum de ce site, voire de l'auteur lui-même, qui déversaient des flots de haine contre les démocrates, les Arabes, les homosexuels, les écologistes, et cætera.

C'est le 11 janvier dernier qu'est arrivée la goutte d'eau qui a fait déborder le vase : Dan Simmons a encouragé un internaute à dénoncer au FBI une jeune Palestinienne étudiant aux Etats-Unis, qui lui avait confié sa colère devant le massacre de Gaza et son désir de vengeance. Simmons allait jusqu'à donner le lien du site à contacter pour une dénonciation, ainsi que plusieurs numéros de téléphone, concluant son message par la phrase suivante : « En fait, inutile de les contacter, je l'ai déjà fait (je suppose que son prénom n'est pas celui que vous donnez, mais vous pourrez discuter de cela avec les agents fédéraux qui vont vous rendre visite). »

Le même jour, je lui ai signifié ma décision de cesser toute collaboration avec son site. Il en a pris acte, maintenant son appel à la délation (sa justification tenait en une date, celle du 11 septembre) et concluant - à tort - que j'éprouvais « du mépris » pour son site web, pour sa position et pour lui-même, mais aussi pour son ouvre. En conséquence, me dit-il, il a décidé non seulement de faire effacer de son site web toutes les chroniques que j'avais rédigées - à ce jour (21/1/2009), cela n'est pas encore fait, la gestionnaire dudit site étant en vacances -, mais il en a en outre « contacté Danny Baror, [son] agent littéraire pour l'étranger, et lui [a] demandé de s'assurer (par contrat) que [je] ne [serais] plus jamais en position de traduire DROOD [son dernier roman], ni toute nouvelle ouvre de fiction signée Dan Simmons. »


S'il m'avait demandé de ne plus le traduire, vu la rupture de notre relation de confiance, je l'aurais accepté. Il a choisi de m'imposer sa volonté - une frappe préventive, doublée d'une riposte disproportionnée, ce qui est parfaitement cohérent avec sa posture idéologique. Après avoir informé les éditeurs pour lesquels j'ai récemment traduit ses romans - et que je remercie pour leur soutien -, j'ai décidé de rendre public cet incident, afin que ma position soit claire.


Jean-Daniel Brèque


« C'est chose rare qu'un auteur cherche à se faire plus petit que son ouvre. »
Antoine Blondin

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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 14:00

 


Lundi dernier, l’émission Salle 101 se transportait au Habibi, très sympathique bar à vin situé au 44 rue Traversière (donc à dix minutes à pied de chez moi, j’approuve) pour l’enregistrement d’une interview croisée de Catherine Dufour et de Jérôme Noirez. Comme peuvent s’en douter ceux qui connaissent Catherine et Jérôme, l’interview fut assez cocasse. Il y fut question notamment de biniou arménien, d’anémones de mer, du "bloop" et de poteaux à hauteur de couilles (© Catherine Dufour). Je suis morte de rire en la réécoutant. Sans compter que l’ambiance était très bonne – la fin de soirée se fond pour moi dans un flou légèrement éthylique, la faute au vin blanc du Habibi. L’émission est en écoute ici.










 

J’en profite pour rappeler (un peu tard) que c’est aujourd’hui à partir de 17h que Francis Berthelot signera son Petit cabaret des morts chez Scylla (8 rue Riesener). Toute personne résidant à Paris qui lira ces lignes a l’obligation de passer y faire un tour et d’acheter les bouquins de Francis. (Si si, y a un message subliminal planqué entre les lignes : Allez chez Scylla, je le veux.) Franchement, vous ne le regretterez pas, ses livres sont vraiment magnifiques.

 

À part ça, je m’apprêtais à poser des questions concernant les connexions wi-fi, adressées à l’assemblée de geeks qui passe dans le coin, mais j’ai eu la réponse alors même que je rédigeais cette entrée. Je suis en train de tester, un peu en avance, le PC portable tout neuf que j’aurai pour Noël et de vérifier que tout marche bien, et je me demandais s’il était possible de partager la connexion internet de mon PC fixe. Apparemment non, donc je vais me débrouiller autrement. À propos de geekitude, comme on a tous nos petits rituels, je considère que je m’approprie vraiment un ordinateur une fois que j’ai installé une photo en fond d’écran et que j’ai baptisé la bête. Pour des raisons qui m’échappent, mes ordinateurs ont toujours eu des surnoms qui étaient des titres de chansons contenant des prénoms. C’est peut-être parce que j’écoutais beaucoup Murder ballads de Nick Cave quand j’ai eu mon premier PC en 1996 que je l’ai baptisé Stagger Lee. Le deuxième, du coup, je l’avais appelé Crow Jane en clin d’œil au même album. Mon premier portable, acheté avec l’à-valoir d’Arlis des forains et qui commence à prendre un coup de vieux, c’était Pirate Jenny, du nom de ma chanson préférée de L’Opéra de quat’ sous. Pour le nouveau portable, le nom s’est imposé tout seul : Half Jack, du nom d’une chanson qui a pas mal tourné chez moi cette année pendant ma grosse période Dresden Dolls (à ce propos d’ailleurs : je viens d’apprendre qu’Amanda Palmer repassait à Paris en février, au Divan du Monde – joie, bonheur, y a juste mon portefeuille qui fait un peu la gueule).

 

(PS : Passez chez Scylla tout à l’heure et achetez du Berthelot, je le veux. Y aura à boire.)

 

 

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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 11:46

 

Quelques photos de la dédicace hier soir d’Ellen Kushner à la librairie Scylla (8 rue Riesener, 75012 Paris, très bonne adresse), suivie de l’enregistrement d’une interview pour l’émission Salle 101. L’ambiance était très chouette, très conviviale, c’était amusant de nous retrouver tous entassés dans la petite librairie (lecteurs, éditeurs et autres habitués des lieux), assis par terre pour certains, pour écouter religieusement l’interview avec l’impression de vivre un moment à part. Ellen Kushner nous a bluffés en répondant aux questions dans un français impeccable. Un peu plus tôt, elle nous avait lu des extraits de son roman À la pointe de l’épée dans les deux langues. Je n’ai encore jamais lu ses livres, bien que je connaisse son nom depuis longtemps, comme éditrice et comme auteur (tout comme celui de Delia Sherman qui l’accompagnait), mais ça ne m’a pas empêchée de trouver l’interview passionnante. Elle y a parlé notamment de la notion d’"interstitial arts" (qui correspond en gros à ce que Francis Berthelot appelle les "transfictions", ces littératures qui dépassent les frontières des genres) et de ses romans À la pointe de l’épée (qui vient de paraître chez Calmann-Lévy) et Thomas le rimeur. L’interview sera en écoute sur le site de la Salle 101 à partir de jeudi à cette adresse.

 

Ellen Kushner et Delia Sherman seront à partir de mercredi soir aux Utopiales de Nantes. Ça tombe bien, moi aussi (à partir de jeudi). On y sera très vite.



 


 







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