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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 18:22

 

 

 

Sur le papier, Alan Wake était fait pour moi : un jeu fantastique très inspiré par Stephen King, tournant autour du thème de l’écriture, et qui fait référence aussi bien à L’Antre de la folie qu’à Twin Peaks. Je lorgnais déjà dessus lorsque j’ai dû choisir entre xBox et PS3, et j’ai sauté sur l’occasion quand le jeu est ressorti tout récemment sur PC. De quoi poursuivre mon exploration du domaine des jeux-à-faire-peur.

 

Le problème, en l’occurrence, c’est que j’ai été déformée par la pratique des Silent Hill, qui rend terriblement exigeant en matière d’ambiance, de personnages, de scénario et d’approche du fantastique. De ce point de vue, Alan Wake m’a un peu déçue. Le jeu commence assez fort, avec une belle ambiance à la Twin Peaks dans la découverte de la ville où Alan Wake, écrivain d’horreur en panne d’inspiration, vient passer ses vacances avec sa femme Alice. Laquelle disparaît dans d’étranges circonstances. Alan perd les souvenirs de toute cette semaine-là, la police refuse de le croire, et il découvre des pages d’un manuscrit qu’il ne se rappelle pas avoir écrit, mais qui détaille les événements qu’il est en train de vivre. Il se retrouve alors traqué par une « ombre noire » qui vit dans les ténèbres et cherche à l’empêcher de retrouver Alice.

 

Le système de combat adopté est assez original. Il reprend les codes des jeux de survival horror, mais en y ajoutant une dimension inédite à travers un jeu sur l’ombre et la lumière. Les possédés que l’ombre envoie tuer Alan ne peuvent exister que dans le noir, et ne peuvent être détruits que lorsqu’on a affaiblit leurs défenses en braquant une torche sur eux. J’ai trouvé les combats assez envahissants au fil du jeu, sans doute parce que je préfère la dimension aventure à l’action, mais la mécanique m’a semblé très astucieuse. Il y a quelques beaux combats épiques : contre une tornade, une nuée d’oiseaux tout droit sortie de chez Hitchcock, ou contre une armée de possédés sur une scène de concert rock bâtie dans un champ isolé par deux frères qui se prennent par des dieux nordiques. Mais les combats plus ordinaires qui constituent l’essentiel du jeu m’ont semblé ne servir qu’à rallonger artificiellement la durée du jeu en empêchant le scénario d’avancer.

 

 

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Sur le scénario lui-même, je suis partagée. Il est plutôt bon dans l’ensemble, et donne lieu à quelques très belles scènes. Mais je l’ai quand même trouvé assez basique, presque hollywoodien par moments. Les personnages ont très peu d’épaisseur. Les pages du manuscrit que ramasse Alan ne sont finalement qu’un gimmick qui ne débouche sur rien – d’autant qu’elles sont très mal écrites, ce qui est dommage pour un personnage inspiré par Stephen King. J’ai eu l’impression de voir un de ces romans écrits « à la King » par des auteurs moins doués qui croient pouvoir faire l’économie de toute la dimension humaine et psychologique de ses écrits. Tout ce qui touche à l’écriture dans Alan Wake est finalement assez bateau, et j’en suis la première frustrée. Il y a une scène vraiment belle et inventive qui joue sur ce thème, et où il faut faire réapparaître des objets figurés par des mots tapés à la machine, mais elle n’arrive que vers la fin. On croise toutefois dans les derniers épisodes un personnage vraiment savoureux, inspiré par la « femme à la bûche » de Twin Peaks, qui réintroduit un grain de folie bienvenu dans le jeu.

 

Je crois que ce que j’ai préféré, en fin de compte, est tout ce jeu sur les ombres et les lumières, avec de jolies variations. Une fois qu’on a intégré les règles, on se retrouve désemparé chaque fois qu’elles sont brisées : lorsqu’une course-poursuite avec la police les inverse (la lumière des hélicoptères représente alors le danger, et l’ombre la sécurité), où lorsqu’on se retrouve à courir plusieurs minutes à l’abri de la lumière du jour en se doutant bien que ça ne va pas durer. Si le jeu avait été plus condensé, il aurait pu être d’une belle densité, et les scènes les plus réussies y auraient gagné en impact. En l’état, j’ai eu l’impression de voir un jeu étiré sur une longueur artificielle par rapport à ce qu’il a réellement à offrir. Je le conseillerais tout de même aux amateurs de jeux fantastiques, tout en précisant que je ne suis sans doute pas une joueuse représentative : je suis beaucoup plus intéressée par le scénario et l’ambiance que par le challenge. Sans doute les joueurs plus amateurs de défis (et moins exigeants sur le fantastique et le thème de l’écriture) seront-ils d'un autre avis.

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 13:36

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En attendant la nouvelle saison de Game of Thrones et parce que Lost m’avait, si j’ose dire, perdue une nouvelle fois en cours de route vers la fin de la saison 5, il fallait bien se mettre autre chose sous la dent. Une série datant d’il y a déjà quelques années et qu’on m’avait souvent conseillée s’est alors rappelée à mon bon souvenir. Sur le papier, l’histoire d’une adolescente dont le père est détective privé et qui mène des enquêtes dans son lycée n’est pas forcément très engageante, mais la série est beaucoup plus intelligente et habile qu’elle n’en a l’air au premier abord. Par beaucoup d’aspects, elle m’a rappelé Buffy, sans atteindre toutefois la richesse de la série de Joss Whedon. L’aspect physique et la voix de l’héroïne y sont peut-être pour beaucoup.

 

Passé les premiers épisodes où on se perd un peu dans les différents protagonistes, la série dévoile progressivement son jeu. Les personnages, justement, sont presque tous très réussis. Il y a une belle galerie de personnages secondaires, parfois assez ambigus. Keith Mars, le père de Veronica, qui se débrouille comme il peut avec sa fille adolescente depuis le départ de sa femme ; Weevil, délinquant latino plein de ressources ; Aaron Echolls, star du cinéma égocentrique et insupportable ; la richissime famille Kane dont l’histoire est étroitement liée à celle de la famille Mars ; ou encore Mac, petite génie de l’informatique, personnage très secondaire même si un très bel épisode lui est consacré, incarnée par Tina Majorino que certains se rappelleront peut-être comme enfant actrice dans les années 90.

 

Deux personnages m’ont semblé un peu moins réussis, et c’est mon seul reproche à l’encontre de cette saison 1. Veronica elle-même est un personnage parfois bancal. Parce que le côté « héroïne volontaire qui agit au lieu de broyer du noir » est un peu forcé, ce qui empêche d’éprouver la moindre empathie pour elle. Or, dans les derniers épisodes de la saison qui reviennent sur une mésaventure assez glauque qu’elle a subie, il aurait justement fallu qu’on en éprouve. Par ailleurs, j’ai du mal à la voir comme la paria qu’on nous décrit, détestée par les trois quarts des lycéens et qui redoute chaque jour de se rendre au lycée : à part quelques épisodes où elle s’en prend effectivement plein la figure, on nous montre en fait une gamine bien dans sa peau et beaucoup mieux intégrée que la plupart des ados auxquels elle vient en aide. L’autre personnage qui me gêne, c’est Lilly Kane, sa meilleure amie, qui a été assassinée lorsque débute la série. C’est d’ailleurs autour d’elle que tourne l’intrigue principale de la saison 1. La famille Mars comme la famille Kane ont été détruites par le drame. Keith Mars, persuadé qu’on a arrêté le mauvais homme, a vu sa carrière détruite ; sa femme est partie peu de temps après, et Veronica elle-même est tombée en disgrâce au lycée. Lilly apparaît dans de nombreux flash-backs au cours desquels on veut nous faire sentir un lien très fort l’unissant à Veronica. Or, on nous montre surtout une ado un peu vulgaire qui n’est pas très différente de toutes les petites garces du lycée que Veronica déteste. C’est pour moi le défaut principal de la saison 1.

 

En revanche, l’intrigue tournant autour du meurtre de Lilly est particulièrement habile et réussie, jusqu’à un dénouement qui m’a fait bondir plusieurs fois. Je suis toujours admirative devant les œuvres de fiction qui réussissent à faire passer pour des digressions des éléments qui se révèleront plus tard essentiels à l’intrigue. C’est souvent le cas ici, et ça fonctionne à la perfection. Sans compter que la résolution elle-même est réellement surprenante et satisfaisante.

 

J’ai beaucoup apprécié également l’aspect social développé en filigrane. L’histoire se déroule à Neptune, en Californie, où vivent des familles richissimes. Beaucoup d’épisodes tournent autour de la notion de lutte des classes : il y a d’un côté les vieilles familles de Neptune, qui s’accrochent à leurs privilèges établis jusque dans le fonctionnement du lycée, et de l’autre des familles beaucoup plus modestes qui survivent comme elles le peuvent dans ce système et qui cherchent parfois à prendre leur revanche. C’est le moteur d’un certain nombre d’affaires sur lesquelles enquête Veronica. Il y a quelque chose de très américain, d’ailleurs, dans la façon dont la série présente le lycée comme une micro-société impitoyable régie par des rites immuables et qui devient le théâtre de rivalités cruelles.

 

La saison 1 se dévore en un clin d’œil, et on garde en tête toute la journée la chanson des Dandy Warhols qui lui sert de générique.

 

 

 


 
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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 23:26

 

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D’autres souvenirs en vrac ?

 

Des balades en vaporetto qui me conduisaient parfois dans des lieux inattendus, volontairement ou non : l’île de Punta Sabbioni par accident au retour de Burano, ou une rue du Lido un peu sinistre à la nuit tombée, dont je me suis empressée de m’enfuir après avoir mangé dans un bar qui diffusait un match de foot et où je me sentais remarquablement peu à ma place.

 

Une osteria de Santa Croce à la carte originale, en grande partie végétarienne, où je me suis régalée d’un sublime flan épicé à la citrouille et à la ricotta affinée, puis d’une non moins sublime mousse de limoncello aux fraises.

 

Les chansons qui me traversaient la tête sans prévenir, The Dreaming de Kate Bush qui est la bande-son parfaite d’une balade nocturne dans les ruelles, ou The Slow Drug de PJ Harvey en contemplant de nuit la route de Mestre depuis les quais de Cannaregio.

 

Le fou rire piqué en entendant un accordéoniste de Burano jouer Funiculi, funicula qui me rappelait une chanson du carnaval dunkerquois.

 

 

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Le calme incroyable du quai de Sant’Elena, près des jardins de la Biennale, qui offre une vue splendide sur la place Saint-Marc depuis une étendue d’herbe et de bancs.

 

Quelques conversations en italien avec un réceptionniste ou une commerçante, juste assez longtemps pour m’étonner que les réflexes reviennent malgré le manque de pratique.

 

Et puis des quais, des ruelles, des glaces, des chocolats Baci Perugina liés à mes souvenirs d’enfance, des photos par centaines pour tenter de capturer une Venise qui ne soit pas une simple carte postale. Et qui est désormais la première ville italienne que j’aurai vue par mes yeux d’adulte.


 

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 23:07

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Une des choses que j’apprécie le plus en voyage, ce n’est pas tant de visiter les lieux touristiques que de prendre ses habitudes dans une ville étrangère. Pendant ces cinq jours, j’avais mon quartier (Cannaregio), mon arrêt de vaporetto (Ferrovia), ma rue commerçante un peu plus loin (Strada Nova), mon quai où j’ai découvert trop tard un café où lire au bord de l’eau. Au bout de ce canal, un quai donnant sur la lagune et sur la route qui mène de Mestre à Venise, éclairée en pleine nuit. L’arrivée par cette route m’a furieusement rappelé le pont qui traverse le lac Pontchartrain à l’entrée de La Nouvelle-Orléans. Entre deux villes colorées bâties au bord de l’eau, la ressemblance est forte.

 

J’avais aussi mes commerces, notamment cette boutique de masques où je suis entrée le premier jour, attirée par la vitrine. À Venise, on fait très vite une indigestion de masques, de dorures, de paillettes et de verre de Murano. Mais cette vitrine-là m’avait frappée par la sobriété de certains modèles. J’y suis revenue plus tard acheter un masque en cuir représentant une feuille morte. Mais le modèle qui m’a le plus marquée, même si je ne me voyais pas l’acheter, était une splendide Méduse stylisée : un visage entouré de longs serpents de cuir vert. Peut-être le masque le plus original que j’aie vu dans tout Venise, et j’en ai vu beaucoup. Y compris le fameux masque de Guy Fawkes popularisé par V pour Vendetta et le collectif Anonymous, et qui s'invitait dans de nombreuses vitrines.

 

 

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Dans la même rue, pour m’abriter d’une averse le premier jour, je suis entrée dans une librairie qui possédait un rayon de fantasy et de bit-lit. Au milieu des traductions italiennes de Twilight et autres Trône de fer, j’ai bien ri en tombant sur Capture de Kelley Armstrong, que j’ai traduit il y a quelques années et qui est publié en Italie par les éditions Fazi. Il doit y avoir un signe, reste à savoir lequel.

 

C’est à Cannaregio que j’ai pris le plus de photos nocturnes, toujours le même quai vers lequel je revenais sans cesse. Je suis revenue y contempler la route de Mestre le dernier soir, adossée au mur de l’université déserte. Et mon regard sur les lieux n’était déjà plus le même.

 

 

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 22:54

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Chaque fois que je passais par Murano ou par le quai nord au niveau de Fondamente Nove, mon regard était attiré par le cimetière San Michele. Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de contempler dans la vraie vie L’Île des Morts de Böcklin. La ressemblance est frappante : la couleur des murs qui entourent le cimetière, les arbres hauts qui en dépassent, et l’idée même d’un cimetière sur l’eau. Après être arrivée plusieurs fois sur place après l’heure de fermeture, j’ai réussi à y entrer le dernier jour. Je ne m’étais pas rendu compte qu’il devient difficile, passé un certain âge, de visiter un cimetière comme un simple lieu touristique. On y apporte ses propres fantômes, ses propres souvenirs, surtout lorsqu’ils sont tout récents. Il a fallu par-dessus le marché que j’y croise un enterrement, et que je tombe dès mon arrivée sur l’aile où sont enterrés les enfants, avec des rangées de photos de gamins en bas âge parfois assez récentes. Ça n’a pas été une visite paisible, mais c’est sans doute le plus beau cimetière où je sois jamais entrée. Le cœur est une sorte d’immense jardin où les tombes fleuries s’alignent à perte de vue. L’endroit m’a rappelé un passage du Rossignol d’Andersen, où le rossignol trompe la Mort en chantant « le cimetière où poussent les roses blanches, où le sureau embaume, où l'herbe fraîche est arrosée par les larmes des survivants. La Mort eut la nostalgie de son jardin et se dissipa comme un froid brouillard blanc par la fenêtre. »


J’ai été étonnée, déçue et franchement agacée par le nombre de touristes que j’ai vu entrer à San Michele appareil photo en main, alors qu’une pancarte affichée sur la porte l’interdisait clairement. L’un d’eux m’a demandé de le prendre en photo, j’ai refusé. Je ne suis pourtant pas la dernière à mitrailler en voyage, mais l’endroit appelle au recueillement et j’ai trouvé choquant de le voir traité comme un simple lieu touristique. Ne serait-ce que par respect, sinon pour les morts, au moins pour les vivants dont les proches sont enterrés là.

 

 

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 22:14

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Aux antipodes de ce premier soir, il y a eu Burano. On m’avait beaucoup parlé de cette île aux maisons colorées, et puis j’avais en tête la chanson de Dominique A sur Auguri, à laquelle je pensais lorsque je galérais pour trouver ce fameux « bateau qui va à Burano ». Mais je n’imaginais pas bien le festival de couleurs pétantes que sont les maisons de l’île. Dans le centre touristique, on frôle l’overdose. Là encore, il suffit de s’éloigner un peu pour trouver un calme magnifique. Plus particulièrement si l’on traverse le pont de bois qui mène à Mazzorbo, de l’autre côté : personne en vue et l’impression d’être soudain ailleurs, au fin fond d’une campagne lointaine, mais certainement pas à quarante minutes de vaporetto de Venise.


L’île de Torcello toute proche, en revanche, m’a déçue. Une route, une église, pas grand-chose d’autre, mais surtout l’impression curieuse d’y étouffer au lieu d’y trouver ce calme que j’ai cherché ensuite à Mazzorbo. J’ai préféré m’en échapper très vite pour regagner Burano et m’attarder dans un bar pour lire au bord de l’eau. La nourriture y était quelconque, mais la vue apaisante. À Burano, il y a aussi des groupes de chats qui s’approchent des touristes tout en gardant leurs distances. Je n’en ai vu aucun à Venise, mais ils sont légion dans l’herbe de Burano.

 

 

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 21:54

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Pour Noël, ma sœur avait eu la bonne idée de m’offrir Portugal, la très belle BD de Pedrosa, en sachant que le propos me parlerait. La BD évoque avec une grande justesse le rapport compliqué qu’on peut entretenir avec un pays dont un de nos parents est originaire, mais où l’on n’est pas né soi-même. Elle se termine lorsque le héros entreprend de retourner au Portugal pour la première fois de sa vie d’adulte et d’y découvrir le pays sous un jour nouveau et entièrement personnel.


Quand j’ai lu Portugal, j’étais déjà en train de planifier ce qui serait mon premier séjour en Italie depuis près de vingt ans. L’idée de visiter Venise en particulier me trottait dans la tête depuis longtemps. Parce que l’idée d’une ville construite sur l’eau me fascine, parce que j’ai un peu écrit dessus sans la connaître, et parce que c’était pour moi une ville neutre : je n’y connais personne, je ne l’ai visitée qu’une fois et je n’en gardais qu’un très vague souvenir. Conditions parfaites pour refaire connaissance avec l’Italie et me la réapproprier.

 

Je partais forcément un peu à la recherche de l’Italie de mes souvenirs d’enfance. Et comme il se doit, j’y ai trouvé tout autre chose. Même si les réminiscences me tombaient parfois dessus sans prévenir : devant des marques dont j’avais oublié l’existence, une vitrine de camées aux environs du Rialto, les avis nécrologiques affichés aux murs dans les rues, ou encore au moment de commander ma première glace en italien depuis vingt ans (amarena et fiordilatte).

 

 

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Ce que j’ai trouvé à la place ? Une ville fascinante et attachante que je n’attendais pas aussi protéiforme. Selon les moments et les quartiers, Venise offre des dizaines d’ambiances différentes. Le premier jour, j’ai détesté traverser le pont du Rialto au milieu de la foule ; trois jours plus tard, j’y passais un moment tranquille et agréable aux abords du marché. Quand on se lasse de la foule des coins les plus touristiques, il suffit de s’éloigner de quelques ruelles pour se retrouver dans un labyrinthe de murs étroits reliés par des cordes à linge. On m’avait conseillé de me perdre dans les ruelles ; je n’avais pas compris que lorsqu’on s’y perd, c’est littéralement. En bonne Parisienne habituée à naviguer à l’intuition pour retomber très vite sur une artère passante ou une station de métro, je ne compte plus les moments passés à errer d’une impasse à l’autre en cherchant désespérément à rejoindre les canaux et les arrêts de vaporetto. D’où une coïncidence cocasse qui m’aura fait tomber par hasard sur une librairie française tenue par un ancien Nancéen au cœur du quartier de Castello, alors que je cherchais un moyen de regagner mon hôtel. J’en suis repartie avec un tarot de Corto Maltese et l’impression d’un moment un peu irréel.

 

En cinq jours, s’il y a une chose dont je suis ravie, c’est d’avoir évité la traditionnelle visite de la place Saint-Marc au milieu de la foule. Au lieu de quoi, sur un coup de tête, je m’y suis aventurée le premier soir. Parce que le premier vaporetto dans lequel je suis montée s’y arrêtait, et parce que je voulais voir le Pont des Soupirs mis en scène dans ma nouvelle « La Cité travestie ». Entre le nom italien du pont (Ponte dei Sospiri), l’ambiance nocturne et le souvenir d’une scène du film, je me suis retrouvée à fredonner en boucle le thème de Suspiria, avec une impression d’extase qui frôlait l’hilarité franche. Un de ces moments qu’on vit parfois quand on voyage seul et qu’on a bien du mal à expliquer ensuite. Mais je me suis rarement autant amusée en voyage que ce soir-là, sur la place Saint-Marc quasi déserte, redevenue imposante après la tombée de la nuit. On a beau savoir qu’on n’est pas le premier touriste à avoir eu cette judicieuse idée, difficile de chasser l’impression de nouer avec les lieux un lien secret et  personnel. C’était ma place Saint-Marc ce soir-là, et mon Pont des Soupirs. Lequel n’a pas trop semblé m’en vouloir pour les crimes commis par le personnage de ma nouvelle.


 

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 23:36

Avant de déserter ces lieux pour cause d'escapade vénitienne, je vous livre un aperçu de l'adaptation numérique de Kadath actuellement en cours de développement, et dont nous avons pu voir la démonstration sur tablette il y a quelques jours. Le projet est développé par le studio Walrus en collaboration avec Mnémos. Inutile de vous dire à quel point nous étions emballés de voir "notre" Kadath s'animer sous nos yeux.

 

 

 

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 17:28

 

 

 

Expérience tentée récemment pour se ménager des plages d’écriture lors d’une semaine un peu chaotique : s’immerger dans une bande-son passée en boucle, non pas une sélection de chansons comme je le fais souvent, mais toute la B.O. d’un jeu vidéo. Et pas n’importe laquelle : la musique du mythique Silent Hill 2 composée par Akira Yamaoka, avec ses mélodies lancinantes au piano, ses ambiances à couper au couteau et son atmosphère onirique qui m’a, pour la première fois, rappelé celle de la bande-son de Twin Peaks. Deux villes de fiction où l’étrangeté fait loi. La nouvelle en question comportant quelques clins d’œil à Silent Hill, la bande-son s’y prêtait d’autant mieux. Parfaite pour s’immerger dans une ambiance fantastique, souvent hypnotique, souvent angoissante aussi.

 

 

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Autre bulle de sérénité au coeur du relatif chaos de la même semaine : Institut suédois, conférence de presse de l’excellent festival « Les Femmes s’en mêlent », Shara Worden alias My Brightest Diamond en showcase, petite fée malicieuse à la voix de diva et au talent ébouriffant. Croiser Shara lors du cocktail qui suit, essayer de lui dire sans trop bredouiller que sa chanson Be Brave a énormément compté, puis retourner timidement lui demander quelques photos posées avant de partir. Pas qu’elle soit impressionnante, Shara – c’est l’une des rares personnes que je puisse regarder en face sans devoir lever les yeux, et ceux qui connaissent mon gabarit comprendront ce que je veux dire. Mais enfin ce talent, cette voix, cette musique, ça intimide un peu.

 

My Brightest Diamond sera en concert le 28 mars à l’Alhambra, et ce sera parfaitement immanquable. A titre d'amuse-gueule, j’ai posté quelques photos sur le Cargo (showcase et portraits).

 

 

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 17:42

Jour de grande tristesse pour les fans de BD, de SF, et tous ceux qui auront comme moi découvert L'Incal ou Le Garage hermétique à l'adolescence, ou passé leur enfance à regarder en boucle le superbe dessin animé de René Laloux, Les Maîtres du temps (sans bien en comprendre la fin et son paradoxe temporel, ce qui ne rendait l'ensemble que plus fascinant). Moebius est décédé aujourd'hui à l'âge de 73 ans. Il y a des artistes d'une telle envergure qu'on a du mal à se rappeler qu'eux aussi sont mortels.

 

 

 

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